9 août 2010

Traité des 5 roues (7) : le Feu (3ème partie)

Suite et fin des techniques de maîtrise du rythme lors d'un combat.


Faire bouger l'ombre

Il arrive parfois (souvent !) que l'on ne parvienne pas à discerner ce que l'adversaire va faire, quelles sont ses intentions.
Dans ce cas, il faut faire bouger son ombre. Notre ombre est notre double qui agit comme nous. Tout ce que je fais ou vais faire se voit dans mon ombre. Faire bouger l'ombre signifie agir pour que l'adversaire révèle sa tactique, et ainsi deviner ses intentions.

"Alors si vous feignez de lui porter brusquement un coup, il trahira sa pensée, ses intentions par son sabre."

Les feintes de combat servent à ceci, faire bouger l'ombre, mais aussi à pousser l'adversaire à commettre la faute.


La transmission

Il peut sembler parfois judicieux de calquer notre tactique sur celle de l'adversaire. Si il est rapide, on adopte un ryhtme rapide, si il bouge peu, on bouge peu... Nous calquons donc parfois notre rythme sur celui de l'adversaire... Il y a transmission de lui vers nous.
Il faut retourner la situation et faire que la transmission se fasse dans l'autre sens : de nous vers lui. Une fois ce phénomène en place, il suffira alors de profiter de la transmission à notre avantage.

"Que votre corps et votre mentalité semblent nonchalants. Sachez saisir le moment de relachement de votre adversaire et reprenez alors l'initiative fortement et rapidement."

J'agis avec nonchalance, et lorsque celle-ci se transmet, je change rapidement de rythme : l'adversaire est "enivré" et ne peut réagir au coup. On captive l'attention de l'adversaire, on l'hypnotise, et ainsi, sa vigilance diminue. Alors on frappe.



Faire perdre à l'adversaire son équilibre mental


Aucun temps mort dans un combat. Même si en apparence il y a temps mort, ce ne doit pas en être un. Chaque seconde d'un combat doit être actif, ne rien laisser passer, ne jamais relâcher son attention. Ici et maintenant, rien d'autre.

"... ne le laisser pas souffler [l'adversaire] et conserver jusqu'au bout votre avantage"


Neutraliser


Cela signifie : s'imaginer que son adversaire est plus faible que soit, et se comporter comme si on était plus fort que lui. Un combat ne se gagne pas que sur la technique mais aussi sur le mental.
Ne jamais douter, ne jamais perdre confiance en soi. Un combat se joue aussi contre soi même... Lorsque l'on gagne, ce n'est pas que contre l'adversaire que l'on gagne, mais aussi contre soi.
Si on perd le combat, il n'est pas perdu pour soi si on a donné le meilleur de soi même et si on a décelé le jeu de l'autre et réussi à le contrer par moment. Chaque petite victoire au cours d'un combat est une victoire en soi. Ainsi peut-on progresser.

"...lorsque le rythme de votre adversaire est perturbé, ou bien lorsque votre adversaire est sur le point de reculer, il est important de le neutraliser directement, sans le laisser souffler, en évitant de croiser son regard. Le plus important est de l'empêcher de pouvoir se restaurer."


Passage de la montagne à la mer

"Passer de la montagne à la mer signifie qu'il est mauvais de répéter les mêmes choses au cours d'un même combat".

Retenez bien ceci, c'est capital. Si mon adversaire me montre qu'il ne sait faire qu'une seule chose, alors dès que je le vois, je ne combat plus sur ce terrain là et l'emmène là où il est le plus faible. Bien souvent, on fait plusieurs fois de suite la même attaque, en se disant : tant que ça passe, je continue. Grosse erreur, dès que je vois le jeu de l'autre, je le contre et retourne à mon avantage.
Ne jamais faire plus de deux fois de suite la même approche. Ne pas devenir prévisible.

"Répéter deux fois la même chose est encore passable, mais jamais trois."

C'est pas moi qui le dit pour une fois...

"Si votre adversaire imagine la montagne, vous appliquez la technique de la mer, et si votre adversaire pense à la mer, vous appliquez la technique de la montagne."

Ainsi s'achève le chapitre sur le Feu, le feu du combat, tout se qui se déroule au coeur même de l'échange.


Beaucoup d'élèves pensent que seule la technique compte, et qu'ils doivent les connaitre toutes tres vites. Sans prendre le temps de les maîtriser. Grosse erreur. Ils cherchent alors loin de leur sensei à apprendre d'autres techniques. Et ne progressent pas.

Apprendre le C:SI suppose trois choses :
  • la technique
  • la maîtrise du rythme, le sens du combat, l'instinct
  • l'observation, savoir regarder et analyser ce que fait l'adversaire

Et surtout : s'entrainer, combattre.
Si je combattais sans regarder l'autre, je perdrais 100 fois de suite. Si je connaissais ma technique sur le bout des doigts mais ne savais pas comment l'utiliser, je perdrais là encore. Si je ne savais pas percevoir le rythme, je me laisserais mener par le bout du nez par l'autre et je perdrais après qu'il se soit amusé avec moi.

Un bon sensei connait tout cela. Il connait aussi son élève. Il sait où il en est et ce qu'il doit encore apprendre et maîtriser avant d'aller plus loin. Il doit y avoir un rapport de confiance et d'empathie entre un élève et son sensei. L'élève peut râler, se mettre en colère, le sensei est la pour le remettre sur la Voie.
Si ce rapport n'existe pas, rien ne se fera.
Si ce rapport est présent, alors il fera avec son sensei les plus beaux combats qui soient.
Alors parvenu à maturité dans son art, le sensei lui donnera sa transmission et il sera sensei à son tour.


Aucun commentaire: