31 octobre 2009

Traité des 5 roues (2) : Terre

Premier élément à être traité : la Terre.

Il y est question de rythme. Lors d'un spar la notion de rythme est fondamentale car c'est elle qui détermine qui gagnera. Si j'impose mon rythme à mon adversaire, je gagne ; si il m'impose le sien, je ne peux que perdre. Mais qu'est-ce que le rythme ?

C'est une chose quasi impossible à expliquer mais qui se vit en spar. Si les plus jeunes en C:SI ont du mal à la comprendre, les plus vieux comprennent aisément de quoi il s'agit. Il s'agit avant tout d'une perception qui s'affine au cours du temps. Plus on spar, plus elle s'affine.

Que les plus jeunes ne se désespèrent pas, un jour ou l'autre, ils auront cette percpetion étrange du spar, cette perception de l'autre, si particulière. Et c'est un vrai bonheur de sparer avec cette sensation présente en soi.

On la ressent plus facilement lors du tanking : celui qui impose son rythme mène le tanking. Alors les coups s'enchainent dans une logique implacable qui mène à la victoire.

Bien évidemment, il est rare d'avoir tout le temps cette perception du rythme. Le jour où dans une situation de tanking vous aurez cette sensation que vos coups sortent d'eux même, en accord avec la réponse de votre adversaire à vos coups, et que c'est vous qui menais la danse, alors vous serez dans le rythme.

Revenez alors lire ce post, il vous semblera limpide et vous apportera de nouvelles lumières sur la question.
J'ajoute aussi que parfois, mener le rythme consiste à casser le rythme, à provoquer une petite arythmie qui permet de reprendre la main si on l'avait perdue.

Lisons ce que Musashi nous en dit :

En toute chose il y a un rythme.
Lorsque le rythme domine, l'exécution est bonne.
Il faut tout d'abord connaitre le rythme concordant, puis comprendre quel est le rythme discordant. Il faut savoir discerner le rythme qui sied bien, le rythme à saisir selon l'occasion et le rythme contrariant...
Il faut connaitre les rythmes de chaque adversaire et il faut se mettre au rythme inattendu de l'ennemi. Alors on peut vaincre ses adversaires en se mettant sur un rythme "vide" en partant d'un rythme né de l'intelligence.

Toujours agir en contrepied de ce que fait l'adversaire :
  • Il court ? Pourquoi courir derrière ? Attendez le !
  • Il reste immobile à attendre ? Faites le bouger !
N'entrez jamais dans son jeu !

Traité des 5 roues (1) : Introduction

Le traité des 5 roues (Gorin-no-Sho) est un livre écrit par Miyamoto Musahsi. Musashi etait un samouraï qui vécut au XVIè siècle, et qui fut, toute sa vie, invaincu. Quelques mois avant sa mort, il consigna dans cet ouvrage toute sa technique de combat au sabre.

Pourquoi ce titre ?
Les 5 roues font référence au pagodon que l'on trouve dans les jardins japonais et dont chaque étage figure un des 5 éléments de la tradition orientale : Terre, Eau Feu, Vent et Vide.
Dans ce traité, Musashi nous livre sa vision du samouraï en accord avec les éléments constitutifs de l'univers.

Le traité se déroule en plusieurs livres, un par élément.

Terre : L a base de sa technique, qu'il compare au métier de charpentier
Il faut connaitre tout, de l'ensemble jusqu'aux détails, et évoluer du moins profond au plus profond.
Eau : se forger physiquement et spirituellement
Il faut rendre notre esprit semblable à l'eau. L'eau prend la forme des récipients qui la contiennent. L'eau peut se réduire à une goutte ou atteindre la taille de l'océan.
Feu : La tactique du combat
Il faut considérer la situation tantot dans son ensemble, tantot dans son détail. [...] Il est question d'action immédiate et il faut s'y exercer chaque jour. [...] Dans les cas d'urgence, il faut se montrer prêt, l'esprit immuable.
Vent : critique des autres écoles de sabre
Sans bien connaître les autres, nous ne pouvons bien nous connaitre nous mêmes.
Vide : l'aboutissement de la tactique : le vide...
Mais le vide, où commence-t-il, où finit-il ? Lorsque l'on possède complètement une théorie alors il faut s'en détacher. La voie est une voie libre. [...] Tout naturellement on acquiert un rythme selon l'instant. Tout naturellement on frappe, et tout naturellement on fait face. Tout naturellement il faut entrer dans la Voie véritable.
Pourquoi parler ici de ce livre et quel rapport au C:SI ?
Ce que dit Musashi est lumineux au regard de la pratique du C:SI. Et nombreuses choses sont applicables au combat au katana.
Dans les prochains posts sur ce blog, un par élément, je détaillerai les notions qui me semblent essentielles dans la pratique du C:SI.