13 août 2010

Traité des 5 roues (9) : le Vide

Ultime roue du traité, la plus belle et la plus dans l'esprit de la Voie.

Une fois la technique apprise, il faut l'oublier, et n'être plus que dans le rythme, se laisser porter par lui. Chevaucher le rythme.
Ne plus réfléchir mais laisser le rythme agir pour nous, s'abandonner a lui.
Le combat devient instinctif, intuitif, il coule alors en nous.

Je laisse pour ce dernier chapitre parler Musashi. Aucun commentaire n'est nécessaire. Écouter , se laisser pénétrer...

Polir ces deux vertus : sagesse et volonté, aiguiser les deux fonctions de leurs yeux [ceux des samouraïs] : voir et regarder, et ainsi n'avoir aucune ombre. Alors les nuages de l'égarement se dissiperont, c'est là le vrai "Vide".
Tant que l'on ne connait pas la Voie véritable, chacun croit avancer sur le bon chemin et se croit dans le vrai sans s'appuyer sur les lois du Bouddha ni les lois de la terre.[...] on [ceux qui s'aveuglent sur le chemin] les voit trahir la Voie véritable à cause de leur propre égoïsme et de leur mauvaise vue.
Connaissez l'esprit ! Faites de l'esprit réel la Voie.[...] Faites du vide la Voie ! Et considérez la Voie comme "vide"!

Dans le "Vide" il y a le bien et non le mal. L'intelligence est "être". Les principes sont "être". Les voies sont "être". Mais l'esprit est "Vide".



Tout est dit...


11 août 2010

Traité des 5 roues (8) : le Vent

4ème élément du traité, la 4ème des 5 roues... le Vent

Je ne dirai pas grand chose sur cet élément. Le vent consiste à connaitre la voie des autres écoles : dimension de sabres, nombre de sabres, position des mains sur le sabre, des pieds au sol. Difficilement applicable en C:SI.
Nous pouvons toutefois nous préoccuper un peu des différents styles.


Prenons l'exemple du tanker pur : il ne bouge pas, reste immobile à attendre et n'agit que lorsque l'on se trouve au corps avec lui. S'il bouge c'est pour venir chercher le tanking.

"Se préocuper de la garde du sabre est une grave erreur. [...] En toutes choses, garde signifie immobilité. [...]L'esprit de garde est un esprit d'attente de l'initiative de l'adversaire."

Contre un tanker, ne pas entrer dans son jeu. Mais le pousser à sortir de sa garde :

"... provoquer une émotion chez l'adversaire en garde, agir de façon inattendue de lui, provoquer une certaine précipitation chez lui, lui faire monter la moutarde au nez [...] enlever la victoire en utilisant son rythme perturbé."

Que l'on peut résumer comme ceci :

"[il faut] être sur ses gardes mais sans garde."

Que regarder lors du combat ? Le visage de l'adversaire ? Le sabre ? Le mouvement des épaules qui annonce le départ d'un mouvement ?
Il ne faut pas confondre voir et regarder. L'important est de voir, voir au-delà des choses... Perce-voir le rythme, voir en perçant le jeu de l'autre.

"Il faut voir l'esprit des ennemis, [..] voir la force et la faiblesse de chaque instant.[...] Il ne faut jamais avoir les yeux fixés étroitement."

Avoir le regard ouvert, voir large, voir perçant... sentir le rythme et sentir le combat.



9 août 2010

Traité des 5 roues (7) : le Feu (3ème partie)

Suite et fin des techniques de maîtrise du rythme lors d'un combat.


Faire bouger l'ombre

Il arrive parfois (souvent !) que l'on ne parvienne pas à discerner ce que l'adversaire va faire, quelles sont ses intentions.
Dans ce cas, il faut faire bouger son ombre. Notre ombre est notre double qui agit comme nous. Tout ce que je fais ou vais faire se voit dans mon ombre. Faire bouger l'ombre signifie agir pour que l'adversaire révèle sa tactique, et ainsi deviner ses intentions.

"Alors si vous feignez de lui porter brusquement un coup, il trahira sa pensée, ses intentions par son sabre."

Les feintes de combat servent à ceci, faire bouger l'ombre, mais aussi à pousser l'adversaire à commettre la faute.


La transmission

Il peut sembler parfois judicieux de calquer notre tactique sur celle de l'adversaire. Si il est rapide, on adopte un ryhtme rapide, si il bouge peu, on bouge peu... Nous calquons donc parfois notre rythme sur celui de l'adversaire... Il y a transmission de lui vers nous.
Il faut retourner la situation et faire que la transmission se fasse dans l'autre sens : de nous vers lui. Une fois ce phénomène en place, il suffira alors de profiter de la transmission à notre avantage.

"Que votre corps et votre mentalité semblent nonchalants. Sachez saisir le moment de relachement de votre adversaire et reprenez alors l'initiative fortement et rapidement."

J'agis avec nonchalance, et lorsque celle-ci se transmet, je change rapidement de rythme : l'adversaire est "enivré" et ne peut réagir au coup. On captive l'attention de l'adversaire, on l'hypnotise, et ainsi, sa vigilance diminue. Alors on frappe.



Faire perdre à l'adversaire son équilibre mental


Aucun temps mort dans un combat. Même si en apparence il y a temps mort, ce ne doit pas en être un. Chaque seconde d'un combat doit être actif, ne rien laisser passer, ne jamais relâcher son attention. Ici et maintenant, rien d'autre.

"... ne le laisser pas souffler [l'adversaire] et conserver jusqu'au bout votre avantage"


Neutraliser


Cela signifie : s'imaginer que son adversaire est plus faible que soit, et se comporter comme si on était plus fort que lui. Un combat ne se gagne pas que sur la technique mais aussi sur le mental.
Ne jamais douter, ne jamais perdre confiance en soi. Un combat se joue aussi contre soi même... Lorsque l'on gagne, ce n'est pas que contre l'adversaire que l'on gagne, mais aussi contre soi.
Si on perd le combat, il n'est pas perdu pour soi si on a donné le meilleur de soi même et si on a décelé le jeu de l'autre et réussi à le contrer par moment. Chaque petite victoire au cours d'un combat est une victoire en soi. Ainsi peut-on progresser.

"...lorsque le rythme de votre adversaire est perturbé, ou bien lorsque votre adversaire est sur le point de reculer, il est important de le neutraliser directement, sans le laisser souffler, en évitant de croiser son regard. Le plus important est de l'empêcher de pouvoir se restaurer."


Passage de la montagne à la mer

"Passer de la montagne à la mer signifie qu'il est mauvais de répéter les mêmes choses au cours d'un même combat".

Retenez bien ceci, c'est capital. Si mon adversaire me montre qu'il ne sait faire qu'une seule chose, alors dès que je le vois, je ne combat plus sur ce terrain là et l'emmène là où il est le plus faible. Bien souvent, on fait plusieurs fois de suite la même attaque, en se disant : tant que ça passe, je continue. Grosse erreur, dès que je vois le jeu de l'autre, je le contre et retourne à mon avantage.
Ne jamais faire plus de deux fois de suite la même approche. Ne pas devenir prévisible.

"Répéter deux fois la même chose est encore passable, mais jamais trois."

C'est pas moi qui le dit pour une fois...

"Si votre adversaire imagine la montagne, vous appliquez la technique de la mer, et si votre adversaire pense à la mer, vous appliquez la technique de la montagne."

Ainsi s'achève le chapitre sur le Feu, le feu du combat, tout se qui se déroule au coeur même de l'échange.


Beaucoup d'élèves pensent que seule la technique compte, et qu'ils doivent les connaitre toutes tres vites. Sans prendre le temps de les maîtriser. Grosse erreur. Ils cherchent alors loin de leur sensei à apprendre d'autres techniques. Et ne progressent pas.

Apprendre le C:SI suppose trois choses :
  • la technique
  • la maîtrise du rythme, le sens du combat, l'instinct
  • l'observation, savoir regarder et analyser ce que fait l'adversaire

Et surtout : s'entrainer, combattre.
Si je combattais sans regarder l'autre, je perdrais 100 fois de suite. Si je connaissais ma technique sur le bout des doigts mais ne savais pas comment l'utiliser, je perdrais là encore. Si je ne savais pas percevoir le rythme, je me laisserais mener par le bout du nez par l'autre et je perdrais après qu'il se soit amusé avec moi.

Un bon sensei connait tout cela. Il connait aussi son élève. Il sait où il en est et ce qu'il doit encore apprendre et maîtriser avant d'aller plus loin. Il doit y avoir un rapport de confiance et d'empathie entre un élève et son sensei. L'élève peut râler, se mettre en colère, le sensei est la pour le remettre sur la Voie.
Si ce rapport n'existe pas, rien ne se fera.
Si ce rapport est présent, alors il fera avec son sensei les plus beaux combats qui soient.
Alors parvenu à maturité dans son art, le sensei lui donnera sa transmission et il sera sensei à son tour.


7 août 2010

Traité des 5 roues (6) : le Feu (2ème partie)

Résumons la première partie : il faut sentir le rythme, se l'approprier, et l'utiliser à son avantage lors du combat.Pour prendre l'initiative, Musashi conseille plusieurs approches :

  • initiative de provocation,
  • initiative d'attente,
  • initiative mutuelle.
Il faut adopter la bonne initiative en fonction des circonstances et de l'avantage qu'elles présentent.
Prendre l'initiative, c'est prendre la victoire.

En dehors de l'initiative, Musashi relève d'autres techniques qui pourront être utilisées en combats. En voici quelques unes, qui pourront être mises en oeuvre dans le C:SI.


Presser l'oreiller de l'adversaire

"Presser l'oreiller de l'adversaire signifie l'empêcher de relever la tête. [...] il est mauvais d'être manoeuvré par un adversaire et d'agir en retard."

Si on sent que l'adversaire va porter un coup, il faut anticiper sur le coup et le contrer en même temps qu'il le porte.Par exemple : l'adversaire va donner un kick. Au même moment, on lance un slash. S'il va porter un slash, on garde le block et on riposte sur le stun.
La réaction sur un stun est très importante, il faut toujours être prêt.

"Si l'adversaire s'active contre nous, il faut le laisser procéder aux actes inutiles et reprimer ses actes utiles afin de l'empêcher de continuer."

Un bon exemple est lorsque l'adversaire lance un combo dans le vide, en distance limite de nous mais hors de portée. A ce moment là, un jump court se révèle une très bonne action : je fais une jump attack sur la fin de son combo. Ainsi, mon coup touche, je ne prends aucune riposte, et mon jump me met hors de portée de son action suivante.


Conjecture du cours

Qu'est ce que la conjecture ? Il s'agit de sentir la vitalité de son adversaire, deviner ses intentions, pour prendre l'initiative.
"Il faut comprendre l'école à laquelle appartient l'adversaire, [...] discerner ses point faibles et ses points forts. Utiliser des moyens d'assaut différents de ceux que l'adversaire attend."
Connaitre l'école peut se décliner de deux manières.

Connaitre les points forts et les points faibles de l'arme de l'adversaire, afin de pouvoir adapter sa technique à son arme : on ne combat pas un nagi de la même manière qu'un katana. Il est parfois difficile de combattre un type d'arme avec un autre type... Dans ce cas, changer de katana pour optimiser ses chances est une bonne idée. Regardez l'arme de l'adversaire et choisissez la votre en conséquence.

Il faut aussi discerner le "style" de l'adversaire : par exemple, le taketori est une arme de tanking. Le katana peut donner une indication du style.
Nous avons tous un style de spar, même si on les pratique tous. Il y a des tankers, kickers, jumpers, comboteurs, ceux qui frappent dans le dos...
Connaitre le style permet de le contrer.


Savoir faire effondrer

Lors d'un spar, nous ne combattons pas toujours de manière uniforme : nous avons des baisses de rythme, des moments de grace (si si), des moments où l'on bouge moins, d'autres où on ne tient pas en place.
Il faut savoir le percevoir chez l'adversaire et en tirer partie.
"Au cours d'un combat, le rythme de l'adversaire devient désordonné et son effondrement apparait. Si vous laissez passer cette occasion, il se restaurera et il aura une énergie nouvelle [...]. Il est important de poursuivre à coup sur au moment des premiers symptomes d'effondrement afin que l'adversaire ne puisse se restaurer."

Bien évidemment, dans le cadre du C:SI, il n'y a pas de fatigue physique, par contre on peut avoir une fatigue mentale, et alors on perd de sa concentration, on se relâche. C'est là qu'il faut profiter de cet effondrement même minime de la concentration.
Toute faille de la concentration est mortelle.


Devenez votre adversaire
"Il faut se mettre à la place de l'adversaire afin qu'il se sente déjà battu face à quelqu'un qui connait bien la tactique."
Si je pratique contre mon adversaire les mêmes tactiques que lui, en même temps que lui et mieux que lui, il s'en aperçoit, et perd confiance en lui. On acquiert alors une sorte "d'invulnérabilité" pour lui : il a l'impression que quoi qu'il fasse, il ne pourra pas vaincre, alors il se démoralise et baisse sa garde.
Si on peut retourner sa propre technique contre l'adversaire, l'effet psychologique est très fort, et la victoire assurée.
Un combat peut se gagner sans combattre. Si l'adversaire est sur de sa défaite, alors je gagne.